Quel est ton parcours ?

 

Après l’obtention d’un BAC Scientifique, mon intérêt pour les sciences fondamentales, spécifiquement la physique, ainsi que pour la connaissance approfondie m’ont poussé à poursuivre un cursus académique avec deux années en classes préparatoires scientifiques PCSI/PC au lycée Masséna à Nice. Cependant, mon intérêt pour la cognition humaine n’a jamais décliné. Lors du choix de mon école d’ingénieur, l’École Nationale Supérieure de Cognitique de Bordeaux-INP (ENSC) s’est présentée comme la meilleure opportunité afin de concilier sciences des technologies et sciences du comportement humain.

 

Mon échange académique de quatre mois à Bishop’s University au Canada lors de la troisième année d’école a certainement contribué au développement de mon intérêt pour le monde de la recherche. J’ai pu sélectionner les cours de mon choix et pour mon plus grand plaisir, j’ai suivi des cours en psychologie sociale, psychologie cognitive et data mining avec une sensibilisation à la méthodologie de recherche. Mais c’est sans nul doute mon stage de fin d’études chez Thales à l’Innovation Lab de Sophia Antipolis qui a été le catalyseur principal ! Je travaillais alors sur l’évaluation et la comparaison de périphériques d’entrée de pointage pour la veille SONAR. Écrit comme cela, le sujet n’est pas très séduisant ! Mais, en travaillant dessus on se rend compte de sa complexité et de toute l’importance de trouver le bon équilibre entre recherche de performance et UX. Cela a développé mon goût pour la recherche appliquée permettant d’investiguer de nouveaux champs de connaissances pour servir un besoin réel.

 

 

Pourquoi et comment as-tu orienté tes études puis tes recherches dans le domaine de l’IA pour l’aide à la décision ?

 

Les réflexions sur l’interaction entre l’humain et la machine m’ont toujours interpellée. Le couplage humain-machine, aussi profitable qu’il puisse être s’il est bien pensé, peut dans certains cas avoir des conséquences néfastes. Celles-ci incitent à considérer où et comment intégrer l’IA aux processus métiers pour valoriser une approche centrée sur l’humain où l’agent IA, plus qu’un simple outil, devient un coéquipier permettant d’augmenter les capacités cognitives de l’humain.

Aujourd’hui, dans le domaine militaire, l’augmentation de la sensibilité et la multiplicité des capteurs génèrent une quantité massive de données. Bien que des algorithmes permettent d’en traiter une grande partie, une quantité importante de données reste à la charge de l’opérateur humain. Cette charge reste suffisamment importante pour que l’opérateur ne soit pas en capacités cognitives de correctement réaliser cette tâche seul. Ainsi, il devient nécessaire de l’assister par un système d’IA pour l’aider à prendre des décisions. L’intégration d’une IA d’aide à la décision peut être une solution pour donner des recommandations et éviter des erreurs de jugement en aidant à une prise de décision éclairée et non biaisée. Une telle intégration n’est cependant pas anodine surtout dans le domaine militaire où la réticence au changement peut être présente. En effet, il y a un réel enjeu à garder les marins motivés dans la boucle décisionnelle, éviter les problèmes de sous et sur confiance dans l’IA et ne pas favoriser un désengagement ou une dévalorisation dans leur activité. Cela demande donc de penser les systèmes d’aide à la décision comme des systèmes centrés sur l’humain où il est maintenu au centre de la boucle décisionnel mais assisté par un ou des agents IA. Mon sujet de thèse s’inscrit dans ce contexte.

Le cursus d’ingénieure cogniticienne que j’ai suivi à l’ENSC m’a permise de nourrir ces réflexions, de me poser les bonnes questions lors de la conception en réalisant notamment des analyses du besoin en amont afin de définir la technologie adéquate pour y répondre.

Quel est ton sujet de recherche et en quoi consiste-t-il ?

 

Ma thèse s’intitule « Dialogue avec l’Autonomie et Représentation Adaptative des Données et des Décisions (DAURADD) ». De façon plus terre à terre, je cherche à explorer une nouvelle approche pour la représentation des informations pour une tâche de classification au sein d’une équipe humains-Intelligence Artificielle (IA) dans un contexte opérationnel militaire. Cette approche est inspirée de la translucidité physique, propriété d’un matériau qui laisse passer une partie de la lumière, mais diffuse cette lumière de manière à ce que les objets observés de l’autre côté ne soient pas clairement visibles. Je souhaite proposer une représentation des informations utiles à la prise de décision, suggérant à l’utilisateur, par un effet visuel de flou, la possibilité de leur exploration en profondeur en limitant la surcharge attentionnelle et l’augmentation de la charge mentale. Un tel sujet impose de se poser diverses questions de fond notamment sur la nature des informations à fournir à l’opérateur pour permettre une bonne coopération humains-IA dans une tâche de classification et sur la manière de les représenter afin d’aboutir à une prise de décision informée de la part de l’opérateur. C’est un sujet de recherche passionnant car innovant et en rupture avec les IHM actuelles. Il arbore différents domaines allant de la coopération humains-IA à la perception visuelle et au design IHM.