Chaire NAIADE : Quel est ton parcours ?

Je suis originaire de Strasbourg, où j’ai obtenu un Bac S spécialité maths. J’ai ensuite poursuivi une Licence STAPS, mais j’hésitais entre le sport et la psychologie. Ayant eu des cours de psychologie durant mon cursus en STAPS, cela m’a poussé à me réorienter vers une Licence de psychologie à Nancy. Après l’obtention de mon diplôme, j’ai été accepté dans le Master CAER (Cognition, Apprentissage, Évaluation, Remédiation) à Brest, un master spécialisé en psychologie cognitive. Durant ce master, j’ai réalisé deux stages à l’École navale, qui ont été particulièrement enrichissants. Ils m’ont permis de me familiariser avec les environnements complexes de la Marine nationale et ont abouti à mon intégration dans un projet de thèse CIFRE au sein de Thales, sur le thème de l’IA appliquée aux outils d’aide à la décision.

CN : Pourquoi et comment as-tu orienté tes études puis tes recherches dans le domaine de l’IA pour l’aide à la décision ?

En tant que psychologue cognitiviste, j’ai toujours été fasciné par la manière dont les humains prennent des décisions, notamment dans des contextes complexes et sous pression. Comprendre les mécanismes cognitifs sous-jacents à la prise de décision m’a naturellement conduit à m’intéresser aux technologies, en particulier à l’IA, qui peut grandement amplifier ou faciliter ce processus.L’IA, en tant qu’outil d’aide à la décision, offre un potentiel immense pour améliorer la rapidité et la précision des décisions humaines dans des contextes critiques, tels que les systèmes navals. Ce domaine m’a particulièrement attiré car il combine ma formation en psychologie avec des applications concrètes et stratégiques dans des environnements complexes.J’ai donc orienté mes études vers une combinaison entre psychologie cognitive et sciences de l’interaction homme-machine, afin d’aborder l’IA sous un angle unique : comprendre comment les humains interagissent avec des systèmes complexes tout en maintenant une prise de décision efficace. Cette démarche m’a conduit à réaliser mes deux stages de master à l’École navale, un environnement riche en défis cognitifs.

Lors de mon stage de Master 1, sous la supervision du Premier-maître Guillaume, j’ai apporté des recommandations en psychologie cognitive et en ergonomie cognitive pour le développement d’une application de formation à la navigation. Cela m’a permis d’allier théorie et pratique dans un domaine à haute précision.Mon second stage, supervisé par M. Lemaitre, a porté sur le stage BRM (Bridge Resource Management – le management de la passerelle d’un navire) pour les élèves de l’École navale. L’objectif était de catégoriser les facteurs psychologiques à l’origine des erreurs humaines à la passerelle d’un navire et de concevoir des scénarios pédagogiques pour simulateurs.Ces stages, axés sur la recherche, m’ont permis de développer les compétences nécessaires pour entreprendre une thèse, tout en me donnant une immersion concrète dans le domaine militaire et une compréhension approfondie des avantages des nouvelles technologies dans ces environnements.

CN : Quel est ton sujet de recherche et en quoi consiste-t-il ?

Depuis juin, je suis en thèse au sein de l’entreprise ThalesActivité Systèmes de Mission de Défense à Brest. Mon école doctorale est à Paris au CNAM. Mon sujet de recherche porte sur l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans les systèmes navals, tels que les radars et les sonars pour des sujets tels que la guerre électronique ou encore la guerre des mines. Personnellement, je me concentre sur trois aspects principaux : l’acceptabilité, l’explicabilité, et l’appropriation de ces technologies par les opérateurs. Sous la direction de Marc-Eric Bobillier-Chaumon, je cherche à comprendre comment les marins interagissent avec ces systèmes dans leur environnement opérationnel, en tenant compte de facteurs tels que la charge de travail, les conditions de réalisation des tâches, et la culture organisationnelle propre au milieu militaire.
Mon objectif est de déterminer les conditions qui favorisent l’adoption de ces technologies, tout en garantissant qu’elles apportent du sens aux marins dans leur travail quotidien. Cela implique également de rendre l’IA plus explicable et compréhensible, afin qu’ils puissent l’utiliser de manière plus efficace et sécurisée.
En combinant des méthodologies quantitatives (questionnaires) et qualitatives (observations, entretiens), ma recherche vise à optimiser l’efficacité opérationnelle dans la compréhension et la conception des systèmes IA intégrés dans les systèmes navals ainsi que la sécurité dans les opérations navales, tout en renforçant la confiance des marins dans ces systèmes.